Au Burkina Faso, les événements tragiques ou inhabituels sont interprétés comme le résultat d’une intervention malveillante. Il faut un coupable à désigner : de nombreuses femmes se retrouvent accusées de sorcellerie, ce qui signifie leur mort sociale. Enfant, les objets ou les lieux qu’on me désignait possédés m’apparaissaient ordinaires et je n’ai jamais compris ce qui pouvait générer ces dénonciations.
Mes questionnements se sont portés sur notre rapport à la religion traditionnelle, l’origine des accusations mais surtout sur ces prêtres traditionnels disant reconnaître l’œuvre d’une sorcière et pouvoir « guérir » aussi bien les victimes que les sorcières elles-mêmes. Quel est leur rôle dans cette pratique ? Possesseurs d’un pouvoir dont les conditions d’exercice restent inconnues pour la majorité́, peuvent-ils se tromper ? Mon travail photographique cherche à montrer ce qui peut déclencher les accusations de sorcellerie et à explorer la genèse d’une croyance populaire.