A l’âge de 14 ans, lorsque je regardais les trains de loin à Bobo Dioulasso, je les imaginais comme une porte de sortie vers la liberté. J’ai pris le train pour la première fois en France à l’âge adulte et le silence pesant et le manque d’interactions entre les passagers m’ont surpris. Une telle situation n’est pas pensable au Burkina-Faso où l’on s’adresse plus librement la parole… J’ai décidé d’engager un travail photographique : je me présentais aux passagers pour expliquer ma démarche, demander l’autorisation de les photographier et revenais quelques minutes plus tard pour les photographier dans leur état d’absorbement (méditation, lecture, sommeil, écoute…). Rester distant peut être une forme de respect pour l’autre, mais échanger est aussi une marque d’intérêt et d’attention envers autrui.